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Mimmo Jodice: ATTESA

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Vue d'installation, Mimmo Jodice, Attesa, Galerie Karsten Greve Paris, 2022. Photo: Nicolas Brasseur
05.11.22 - 18.02.23

Galerie Karsten Greve Paris

Mardi à samedi, de 10h à 19h

Vernissage le samedi 5 novembre 2022 de 18h à 20h.

L'exposition est prolongée jusqu'au 18 février 2023.

« Mon travail consiste à faire une projection de l'esprit, à la réaliser sous la forme d'une photographie, puis à l'imprimer dans la meilleure qualité possible. Rien d'autre ne compte ou, si c'est le cas, c'est insignifiant. » - Mimmo Jodice

Vue d'installation, Mimmo Jodice, Attesa, Galerie Karsten Greve Paris, 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Mimmo Jodice, Attesa, Galerie Karsten Greve Paris, 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Mimmo Jodice, Attesa, Galerie Karsten Greve Paris, 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Mimmo Jodice, Attesa, Galerie Karsten Greve Paris, 2022. Photo: Nicolas Brasseur

La Galerie Karsten Greve est heureuse de présenter ATTESA, une exposition personnelle de l’artiste italien Mimmo Jodice, qui dévoile une sélection de vingt photographies de son dernier projet Attesa (attente), complétées par la présentation de quinze œuvres du projet Natura (nature).

Mimmo Jodice explore le monde qui nous entoure en s’attardant sur les seuils d’un temps indéfini. Dans ses photographies en noir et blanc, le passé, le présent et le futur s’entremêlent, abandonnant tous les repères spatio-temporels pour atteindre une dimension en suspension entre le réel et le semblant. Attesa, son ultime projet, est le point culminant des recherches menées par l’artiste depuis la fin des années 1980, moment où il abandonne la figure humaine. Dès lors et depuis plus de 30 ans, le temps et son expérience viennent se placer au centre de ses recherches.

Mimmo Jodice considère le projet Attesa non pas comme un simple sujet ou une méthode d'investigation, mais comme une manière de transformer l'idée même de la photographie en une pratique intellectuelle et artistique, empreinte de la grande sensibilité poétique de l’artiste. Dans un monde qui ne dort plus jamais, il s’attarde sur la conscience du temps. Les rangées de chaises qui attendent, les fenêtres ouvertes, les ombres qui ne sont là qu’un instant, sublimes dans leur fugacité. L’attente est présente dans tous les aspects des œuvres présentées, de la prise de vue aux sujets. La patience d’attendre la lumière parfaite avant d’appuyer sur le déclencheur, l’attente lors de l’équilibrage des détails et nuances dans la chambre noire. L’attente dans les clichés – des chaises vacantes, des rues désertes, des fenêtres ouvertes, des labyrinthes urbains désolés.

Ainsi, Attesa. Opera 1 (2000), semble être figée dans le moment. Atemporelle, rythmée par les diagonales horizontales du ciel et de la mer, la composition frôle l’abstraction – aussi imperturbable que la surface de l’eau ou du halo de lumière surplombant la scène. Indifférente au passage du temps, la photographie résonne par le calme et le silence qui s’en dégagent. Une simple chaise de plage, tournée vers l’infini, est le seul témoin d’une présence – passée, ou peut être future. La tension entre le silence et l’attente de l’inconnu arrive ici à son paroxysme, et est amplifiée par l’absence de repères, nous obligeant, nous aussi, à ralentir et attendre.

Si dans le projet Natura le temps demeure incertain et suspendu dans un entre-deux, le regard de Mimmo Jodice se porte a contrario sur la présence. Les vestiges antiques accueillent la flore vivace, défiant la civilisation par sa résistance. Comme dans Tempio di Serapide, Opera I, Pergamo (1994), les végétaux débordent presque des cadres, prenant possession totale de l’espace – dans et hors du cadre. Et les deux séries viennent se compléter par leurs oppositions.

L’un des plus grands artistes de sa génération, Mimmo Jodice est constamment en train de réinventer la photographie, dont il contribue à la libération de l’interprétation purement documentaire et met en avant le potentiel représentatif de la discipline. Pour Attesa, Jodice choisit le tirage au charbon, dit « procédé aux poudres inaltérables », le premier procédé photographique non argentique breveté en 1855 par Louis-Alphonse Poitevin, qui était le tirage le plus répandu au XIXème siècle car réputé pour sa grande stabilité. Cette technique permet à Jodice d’obtenir des images fortement contrastées desquels ressort une clarté absolue, et l’appareil photo devient une « machine à remonter le temps », selon ses propres mots.

 « Mais à quoi pensais-je avant de me perdre à regarder ? », de ces mots de Fernando Pessoa se dégage la plus grande liberté, celle de regarder mais surtout de voir – voir et sentir le temps, qui vient effleurer celui qui se prête à l’exercice.

« Le nom du noème de la photographie sera donc : “Ça-a-été” […] cela que je vois s’est trouvé là, dans ce lieu qui s’étend entre l’infini et le sujet (operator ou spectator) ; il a été là, et cependant tout de suite séparé ; il a été absolument, irrécusablement présent, et cependant déjà différé, » écrivait Rolland Barthes dans La Chambre Claire en 1980. Les photographies de Mimmo Jodice gardent précieusement l’espace-temps figé par l’attente d’un futur qui n’arrive jamais ; les souvenirs de « ce quia été, est ou sera », venant renforcer le punctum, cette définition barthienne qui met en avant les émotions, la sensibilité subjective évoquée par une image, délaissant totalement ses propriétés documentaires pour ne se concentrer que sur l’essentiel, le plus intime et bouleversant.


Bien que différentes aux premiers abords, les projets Attesa et Natura mettent en évidence le cœur de la démarche visionnaire de Mimmo Jodice, où il parvient à créer un réel au-delà de la réalité. « Décrire ses photos, c’est un peu comme tenter de résumer le thème ou le sujet d’un poème, pour s’apercevoir une fois de plus que la beauté de tout poème consiste précisément en ce qui ne peut être raconté ni évoqué par aucun autre moyen que ce poème. »
 

Communiqué de presse

Artistes

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