FR

Qiu Shihua: Neiguan

Vue de l'installation, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
07.09.23 - 21.12.23

Galerie Karsten Greve Paris

Mardi à samedi, de 10h à 19h

Vernissage le 7 septembre de 18h à 20h, en présence de l’artiste

Conférence le samedi 9 septembre à partir de 17h.
Avec Françoise Bonardel (philosophe et écrivain) et Marguerite Pilven (critique d'art et commissaire d'exposition).

Après le succès de nos précédentes expositions consacrées au peintre chinois Qiu Shihua, la Galerie Karsten Greve est heureuse de présenter sa nouvelle exposition personnelle dans notre galerie parisienne, comprenant une quinzaine d’oeuvres sur toile et sur papier inédites, réalisées entre 1995 et aujourd’hui.

Pour cette nouvelle présentation, Qiu Shihua poursuit son exploration du genre pictural du paysage. À travers un panorama d'oeuvres, l'artiste engage le spectateur à exercer son regard de manière soutenue. L'art de Qiu Shihua réserve à l'oeil patient une pléthore de surprises visuelles qui exige l’adaptation de notre regard en permanence, permettant ainsi à la peinture d'émerger au fil du temps. Si la nature et les paysages sont récurrents dans l'oeuvre de Qiu Shihua, son art, depuis les années 1980, est profondément influencé par la philosophie taoïste. Cette présentation invite cependant le visiteur à plonger dans l'univers pictural unique de l'artiste et, surtout, à faire l'expérience directe de sa nature introspective, que certains décrivent comme des "paysages de l'âme".

Né en 1940 à Zizhong, dans la province du Sichuan (Chine), Qiu Shihua peint dès son plus jeune âge avant d’étudier à l’École des Beaux-Arts de Xi'an. Malgré une éducation de type soviétique, l'artiste s’intéresse aux écoles de peinture française et allemande et pratique la peinture en plein air. Au moment où il commence ses études, la culture artistique et littéraire ancienne de la Chine est de plus en plus compromise par la politique communiste de l'époque. Sous Mao, les artistes chinois traditionnels étaient contraints d'adapter leur peinture aux thèmes et aux styles communistes, ce qui laissait peu d'espace à l'intelligentsia pour s'épanouir. Qiu Shihua, qui gagnait alors sa vie en illustrant des affiches, a été contraint de créer des oeuvres d'art dans cette veine également.

Ce n'est qu'en 1984, lors d'une visite en Europe, que Qiu Shihua a réellement rencontré les pionniers de l'art européen de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, à commencer par les impressionnistes. C'est également à cette époque que l'artiste se rend dans le désert de Gobi, un tournant important dans sa vie et son art. Évacuant le superflu, le processus créatif de l'artiste allait désormais s'aligner sur sa pensée spirituelle. Dans ses toiles, Qiu Shihua donne forme au concept taoïste de "l'action par l'inaction" - laisser les résultats surgir par leurs propres voies - ou plutôt à son opposé : la non-action par l'action. C'est ainsi qu'il s'exprime : "J'ai commencé à me cultiver selon les principes du taoïsme, ce qui a pris beaucoup de temps. À partir de là, mon coeur s'est apaisé et je suis devenu plus calme. Le taoïsme a inconsciemment imprégné mon travail (...). Dans le passé, j'avais toujours accumulé de plus en plus d'informations et j'avais l'impression de regarder vers l'extérieur, alors que maintenant je regarde vers l'intérieur - ce fut un long chemin de retour". Dans l'idéologie taoïste, l'homme et la nature sont complémentaires. La quête de la sagesse réside dans l'harmonie, que l'on trouve lorsque le coeur et l'esprit sont alignés sur le Tao, la Voie de la Nature.

Vue de l'installation, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue de l'installation, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue de l'installation, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue de l'installation, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue de l'installation, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur

Erudit de la peinture chinoise et occidentale, l'art de Qiu Shihua oscille entre les idées occidentales d'abstraction et de réduction, d'une part, et les concepts taoïstes de répétition et de vide, d'autre part. Les techniques établies par des artistes tels que Claude Monet et William Turner sont identifiées à travers la dissolution du paysage dans un processus de plus en plus pictural et le traitement du sujet à travers l'étude de la lumière et de l'atmosphère. Conformément à la tradition chinoise de la peinture Shanshui (shan - montagne et shui - eau), il rythme la surface de la toile par un jeu de pleins et de vides. L'oeil parcourt ainsi l'ensemble de la toile, sans jamais s’attarder longtemps sur une zone spécifique. Rappelant également les peintures traditionnelles chinoises sur rouleau, qui offrent au spectateur une vision intime et progressive, l'oeuvre de Qiu Shihua s'éloigne de la perspective linéaire, caractéristique de l'art occidental, et semble se dérouler dans un processus temporel. En outre, la fusion des traditions orientales et occidentales est illustrée par ses choix des matériaux, notamment l'huile sur toile au lieu de la traditionnelle encre sur papier adoptée par les artistes chinois. Le résultat est unique : ni paysage ni abstraction totale, une fusion entre l'ancestral et le contemporain, l'occidental et l'oriental.

 

Lorsque l'on découvre l'oeuvre de l'artiste pour la première fois, l'impression immédiate évoque celle de la peinture monochrome. Le blanc domine dans l'art de Qiu Shihua. En chinois, le mot "blanc" et le mot "vide" (respectivement Baise et Kongbai) ont la même racine (-bai-). Sans titres, ses peintures ne font pas allusion à un lieu spécifique ou imaginaire et ne guident pas le spectateur vers une interprétation précise. Dans un premier temps, l’artiste peint un paysage composé de couleurs primaires (bleu, rouge ou jaune), et procède par un effacement minutieux et délibéré des détails, où les motifs se situent à l’intérieur des fines voiles ou glacis de peinture pâle et diluée. Au travers ses peintures les plus exigeantes mais aussi les plus captivantes, l'image est dissimulée parmi les couches successives de peinture, laissant peu de traces de la genèse de la création. Frôlant les limites de l'abstraction, la toile apparaît presque vierge. La couleur blanche répond cependant à un désir de vide comme essence ultime de toute chose. En outre, ce n'est pas seulement l’espace picturale de l'image que nous considérons, mais sa relation avec l'espace réel. Selon la lumière et l'endroit où le spectateur se trouve, les éléments figuratifs les plus fragiles apparaissent et disparaissent comme des apparitions. Certains tableaux offrent du "répit" au regard du spectateur proposant davantage " d’indices" visuels, mais il est peu probable que les spectateurs voient exactement les mêmes motifs. Il peut s'agir d'une masse de nuages ou de la cime d'un arbre, d'une étendue d'eau ou de collines ondoyantes. L'art de Qiu Shihua nous réserve des options, mais jamais de réponses figées, tout comme le Tao ou "la voie" qui échappe à une compréhension précise. Enfin, les éléments figuratifs découlent de la vision intérieure de l'artiste qui, à son tour, a le pouvoir subtil de créer un espace de réflexion et d'inciter le spectateur à la contemplation. La texture de la peinture et la qualité "brute" de la toile invitent également le spectateur à regarder de plus près. Grâce aux transparences et aux nuances, de subtiles teintes et inflexions de couleurs (rose, vert, bleu, orange...) percent les couches de peinture et remettent en question notre perception initiale d'une peinture blanche monochrome.

En cherchant à "donner expression aux visions qui sont au-delà du visible", Qiu Shihua offre une expérience qui privilégie la perception individuelle. Par conséquent, il confère un pouvoir critique d’autant plus important au spectateur. Qiu Shihua représente une génération d'artistes préoccupés par la modernisation de l'art traditionnel chinois et l'adaptation des techniques de l'art occidental, entre la peinture de paysage et l'abstraction. À l'instar des exigences imposées par les installations ou les environnements, et en raison de la difficulté à reproduire son art, son oeuvre exige la présence physique du spectateur afin d’être véritablement vécue.i Selon ses propres termes:

"Lorsque le spectateur entre dans l'espace (de l'image), il sentira à quel point les images sont réelles et il sera attentif aux éléments qui changent, tantôt plus grand, tantôt plus petit, en fonction de son état intérieur."

Qiu Shihua est né en 1940 à Zizhong, dans la province du Sichuan (Chine). Il apprend à peindre très jeune en autodidacte et obtient en 1962 un diplôme à l’École des Beaux-Arts de Xi’an en se spécialisant dans la pratique de la peinture à l’huile, dans une Chine encore fermée au monde occidental et à son art. Ses premières expositions personnelles n’ont lieu qu’à partir du début des années 1990 dans des galeries chinoises. Aujourd’hui, Qiu Shihua est un artiste internationalement reconnu : en 2001, la Kunsthalle de New York lui dédie sa première exposition monographique hors de Chine. Depuis, son oeuvre a fait partie de nombreuses expositions personnelles comme l’exposition White Field au Hamburger Bahnhof à Berlin, en 2012, et collectives, comme Ink Art : Past as Present in Contemporary China au Metropolitan Museum of Art à New York, en 2013. Ses oeuvres ont été montrées à la Biennale de São Paulo (1996), à la Biennale de Venise (1999) ainsi qu’à la Biennale de Shanghai (2004). Elles font partie de collections publiques et privées majeures comme celles de la Fondation Louis Vuitton (Paris), du Metropolitan Museum of Arts (New York), du LACMA (Los Angeles), du Museum DKM (Duisburg). Qiu Shihua vit et travaille entre Beijing et Shenzhen (Chine). Il est représenté par la Galerie Karsten Greve depuis 2015. Un catalogue a été publié par la galerie pour célébrer son oeuvre en 2018.

Dossier de presse

Artistes

Publications

Diese Webseite unterstützt den Internet Explorer 11 nicht.
Bitte öffnen Sie die Seite mit einem modernen Browser.