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Claire Morgan: I only dared to touch you once I knew that you were dead

04.11.23 - 06.01.24

Galerie Karsten Greve Paris

Mardi à samedi, de 10h à 19h

Vernissage
samedi le 4 novembre de 18h à 20h
en présence de l’artiste.

Être en vie peut être beau et horrible. Chaque être vivant est dans un état de transition constante. Je suis intriguée par ces sentiments simultanés de communion spirituelle et d'intrusion désagréable qui naissent de la prise de conscience de notre interconnexion et de notre vulnérabilité.


La Galerie Karsten Greve est heureuse de présenter la nouvelle exposition de Claire Morgan dans son espace parisien. "I only dared to touch you once I knew that you were dead" (Je n'ai osé te toucher que lorsque j'ai su que tu étais mort) présente le premier ensemble d'oeuvres figuratives dont les femmes sont les protagonistes aux côtés des animaux. Avec près de trente nouvelles oeuvres – peintures, installations, sculptures, dessins et gravures – l'exposition explore la vulnérabilité et la peur de l’inconnu. Elle évoque l'ère de l’extinction massive dans laquelle nous entrons, nous invitant à réfléchir à notre propre rôle dans cet acte collectif de destruction.

Claire Morgan, connue pour exceller dans la réalisation de compositions complexes de graines, de plantes, d'insectes, de taxidermie et de déchets plastiques multicolores, donne à voir aujourd’hui davantage de présences humaines qu’auparavant. Dans cette exposition, la diversité des techniques utilisées passe aussi bien par la récupération de fluides corporels lors du processus de la taxidermie pour les dessins, que par les sculptures faites de cire, de textile, de peau et de poils d'animaux, ainsi que par d'ambitieuses oeuvres à grande échelle au pastel sur panneau de bois, qui dépeignent les relations complexes et mouvantes entre un personnage féminin et un renard.

Chaque image montre une tendre interaction entre une femme vivante et un renard mort. Chaque ombre, bien qu'elle soit directement liée à l'image qui lui est associée, laisse entrevoir une autre présence cachée, sombrement comique, effrayante, vulgaire, violente ou honteuse.


Véritable colonne vertébrale de cette exposition, le livre I only dared to touch you once I knew that you were dead, à partir duquel tout est construit, résulte d'une période d'expérimentation avec l'écriture et la gravure. Cet ouvrage est composé de sept dessins et de deux textes manuscrits qui forment un dialogue entre une femme vivante et un renard mort, parlant d’osmose et de porosité entre les chairs. Le lent déroulement du temps se manifeste dans ce livre en accordéon, rythmant les forces cycliques de la nature.

Les oeuvres sur panneau de bois, dont les scènes sont étroitement liées à ce livre central, donnent à voir une intime relation de soutien mutuel entre les personnages, évoluant dans une réalité subjective faite d’apparences trompeuses. Tout comme les ombres, la présence du renard, un animal récurrent dans le travail de Claire Morgan et symbole de la ruse, questionne l’identité et la fiabilité des représentations. La capacité du goupil à survivre et à prospérer dans des conditions difficiles témoigne de ses facultés de résilience et d'adaptabilité. Dans une relation qui interroge les rôles de dominant et de dominé, où les identités et les réalités sont mouvantes, chacun apporte quelque chose à l'autre. Au sein d’une troublante intimité, les êtres, morts ou vivants, entretiennent un lien immuable en veillant l’un sur l’autre. Les figures meurtries se rejoignent dans leur vulnérabilité, en communion par leur fragilité corporelle. Faisant appel à un modèle vivant pour réaliser ces oeuvres, Claire Morgan a souhaité explorer des positions peu naturelles et inconfortables pour être en contact direct avec la peau d'un renard, la bercer, la soutenir, l’explorer et l’écouter. Un processus qui a nécessité beaucoup de confiance, de patience et d'endurance.

Dans ses installations, le contact primitif avec la fourrure, autrefois vivante, réveille une force vitale instinctive tantôt rassurante, tantôt menaçante. Tels des passeurs ou des messagers, les animaux morts permettent d’interagir avec l’au-delà afin de pénétrer un espace auparavant inaccessible. Tout au long de l’exposition, les oeuvres transcendent les frontières entre la fragilité et la force, la beauté et la répulsion. En plus de sa maîtrise pluridisciplinaire, l’artiste irlandaise nous prend aux tripes par sa capacité à capturer l'éphémère. Dans ses mobiles, les oiseaux morts semblent être figés dans un moment de suspension éternelle, attachés si délicatement qu’ils paraissent en perpétuel mouvement. Plus loin, une femme aux mains tendues tient une corde horizontale à laquelle sont accrochées des dépouilles d’oiseaux. On ne sait si le but est de couvrir son propre corps vulnérable, de nous les présenter, ou un espoir de les faire voler à nouveau.  

Mircea Eliade écrit « En ce qui concerne la mort, les rites sont d’autant plus complexes qu’il s’agit non seulement d’un phénomène naturel – la vie, ou l’âme, quittant le corps –, mais d’un changement de régime à la fois ontologique et social : le trépassé doit affronter certaines épreuves qui intéressent sa propre destinée d’outre-tombe, mais il doit aussi être reconnu par la communauté des morts et accepté parmi eux. »

Ainsi, Claire Morgan ne cherche pas à embellir les peaux d’animaux morts, ni à leur donner une apparence vivante, mais plutôt à accentuer leur état critique par l’utilisation de dépouilles. Par une leçon d´humilité, de respect et de communion entre les créatures de ce monde, son travail questionne notre finitude, faisant écho aux vanités, par l’évocation de thèmes profonds et universels, tels que le caractère éphémère de la vie, la relation complexe entre les êtres, et le passage inexorable du temps

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