FR

Accrochage

Vue d'installation, juillet 2024. Photo: Nicolas Brasseur
24.02.24 - 14.09.24

Galerie Karsten Greve Paris - Côté rue

mardi à samedi, 10h - 19h

Communiqué de presse
Vue d'installation, juillet 2024. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, juillet 2024. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, juillet 2024. Photo: Nicolas Brasseur

Louise Bourgeois (1911 - 2010) est connue pour ses sculptures et installations monumentales, à l’instar de son œuvre Maman, représentant unearaignée de dix mètres de haut, exposée pour la première fois à la Tate Modern de Londres en 2000. Son œuvre se caractérise par un langage personnel et autobiographique, se traduisant par une exploration des thèmes de la sexualité, des corps, de la relation entre les êtres, de la famille et de la maternité. Avec sa série « Janus », développée en quatre variations, Louise Bourgeois évoque le dieu aux deux visages, et interroge la métamorphose des corps, la logique d’identité entre masculin et féminin, mais aussi la polarité présente en chaque être. D’une grande puissance évocatrice, son œuvre The Suicide (1998) se réfère quant à elle à une expérience intime. L’artiste a elle-même tenté de se suicider à la perte de sa mère, lorsqu’elle avait une vingtaine d’années. Il s’agit ici d’une évocation unique de cet épisode, qui confronte le spectateur avec violence à la mort, dans une simplicité brute caractéristique de son travail.

En 1956, à l'âge de vingt ans, Jannis Kounellis (1936 - 2017) quitte sa Grèce natale et s'installe à Rome. Figure de proue du mouvement artistique italien Arte Povera, l'œuvre de Kounellis a eu un impact durable sur les pratiques artistiques dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de la performance et de l'installation. Ses diverses tentatives d'élargir les horizons de l'expressionnisme ont contribué à la création d'un genre qui lui est propre. Son travail aborde la mémoire, l'histoire, la langue, la migration et les relations humaines dans un effort pour unifier la vie et l'art. Le collage de 1961, typique des premières œuvres de Kounellis, met en scène des signes simples comme la flèche ou la croix, encadrant un échiquier. La simplicité des moyens employés, tant au niveau des couleurs que des matériaux, annonce déjà la voie que Kounellis empruntera à la fin des années 60 vers l’Arte Povera.

David Smith (1906 - 1965) est l’un des sculpteurs américains les plus importants du 20ème siècle. Le dessin, tout comme la soudure, ont joué un rôle central dans le développement de son art, en influençant sa vision de la sculpture et en lui ouvrant de nouvelles perspectives, lui permettant de se détacher des contingences physiques et du travail imposé par cette pratique. Dans ce travail d’exploration des différents mediums, David Smith s’inspire de son propre processus créatif ; avant l’assemblage de ses sculptures, il plaçait des éléments de l’œuvre sur le sol de son atelier ; la soudure brûlait alors le sol, laissant des motifs accidentels. C’est en s’inspirant de ces formes involontaires qu’il commence à travailler sur la série des « Sprays », à laquelle appartient l’œuvre Untitled (1963) présentée ici. Il utilise alors tous les matériaux à sa disposition, des pièces de machines aux branches d’arbres, et même les restes de sa table, qu’il dispose sur du papier ou de la toile avant de pulvériser de la peinture industrielle sur la composition. L’artiste, marqué par ses jeunes années de travail au sein d’une usine automobile, se réapproprie ainsi des techniques profondément liées à la mécanique et l’industrie.

Les œuvres de Cy Twombly (1928 - 2011) se situent à la frontière entre dessin et parole, à un point tel que la limite entre les deux devient vague avant de disparaitre complètement. À la recherche d’un langage visuel immédiat et intuitif, l’artiste réalise des œuvres aux compositions abstraites dans lesquelles se cache une conscience expressive absolument touchante. Le mot et le texte, surtout celui fragmenté et grandiose de la poésie antique, est intégré dans la surface de l’œuvre au travers des lettres et des signes spontanés d’une calligraphie gestuelle. Le verbe dessiné se fait ainsi le signe prononçant la parole. À travers les éléments de langage que l’on retrouve dans ses différentes séries apparaissent des références mythologiques et poétiques. Cy Twombly voyage très tôt autour du bassin méditerranéen, s’imprégnant de la culture antique qui vient ponctuer ses dessins. Ainsi, l’artiste joue avec l’abstraction, qu’il n’atteint jamais complètement, convoquant la force primitive d’un passé qui le fascine, au point qu’il installe son atelier dans l’ancestrale Italie.

Pierre Soulages (1919 - 2022) est reconnu comme un maître de l’abstraction, le peintre du noir et de la lumière. Depuis 1979 il se consacre exclusivement aux Outrenoirs. C’est ainsi qu’il désigne ces tableaux pour la plupart monochromes où le noir n’est qu’un moyen pour créer la pure lumière, c’est un noir qui va « au-delà du noir ». La recherche de l’absolu dans la peinture, de l’essence, de l’acte créateur, rend tout titre superflu ; c’est pour cela que Soulages a toujours titré ses œuvres avec le mot — assertif — « Peinture », suivi de la taille de la toile et de la date de réalisation. Avec l’aide d’outils qu’il réalise lui-même, il applique différentes couches de matière qu’il travaille afin de créer des zones lisses ou profondément striées. La réfraction de la lumière sur la texture mate ou brillante de la peinture fait vibrer la surface de ses tableaux et offre au spectateur un spectacle infini.

Vue d'installation, juillet 2024. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, juillet 2024. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, juillet 2024. Photo: Nicolas Brasseur

Les fragiles installations aériennes de Claire Morgan (*1980) témoignent de son intérêt pour les processus naturels et la matière organique. Dans ses travaux, l’artiste étudie les conditions de vie élémentaires de l’être humain dans son espace vital et montre l’impossibilité d’appréhender la vie et la mort dans leur complexité. Grâce et beauté mais aussi absurdité et horreur sont présentes dans ses installations et dessins. À la fois poétiques et déroutants, ses travaux expriment l’ambivalence de la vie. Dans ses mots : Explorer la nature physique des animaux, la mort et les illusions de permanence dans mon travail est ma manière bien à moi de tenter d’accepter ces réalités.  

Joel Shapiro (*1941)part des matériaux emblématiques de la sculpture moderne — bois, plâtre, bronze — pour les mettre au service des possibilités de la forme. Rappelant la tradition des maquettes, il utilise ce médium pour créer de petites études dynamiques conçues à partir de l’assemblage de blocs parfois récupérés, assemblés selon les angles et les ruptures préexistantes qui configurent ainsi le résultat final et guident la main de l’artiste dans la définition d’un concept sculptural nouveau. Pour l’artiste, il est important de laisser visible dans l’œuvre les traces du processus créatif : les traces de colle, de clous, les jointures, les veines du bois. Il poursuit son exploration de la forme sur le papier ; ses œuvres au fusain sont en étroite relation avec ses sculptures : "Je faisais des dessins ; puis, en les regardant, j'ai décidé qu'ils pouvaient fonctionner comme des sculptures".  La géométrie de ces formes simples a pu rapprocher les sculptures de Joël Shapiro de l’art Minimal. Cependant, la place dédiée à l’homme, la possibilité d’exister laissée aux imperfections du travail manuel éloignent son approche des artistes minimalistes (Carl Andre, Donald Judd), qui privilégient au contraire les matières lisses où toute trace de travail manuel est effacée.

Kathleen Jacobs (*1958) met au point sa technique inédite du frottage qui lui permet de transférer les empreintes des écorces de ces arbres sur la toile, inspirée de celle de l’impression sur bois auprès de l’artiste nippo-américain Hiroki Morinoue. Ce processus de création quasi rituel, qui est au cœur de toute sa pratique, consiste à enrouler et agrafer verticalement des toiles de lin de dimensions différentes autour de troncs ou de branches d’arbres méticuleusement choisis. L’artiste commence à frotter de bas en haut sur la surface de la toile, un morceau de toile préalablement recouvert de pigments et peinture à l’huile, pour capturer les textures naturelles et les contours de l’écorce. Les toiles restent ainsi en place pendant plusieurs mois, jusqu’à trois ans. Kathleen Jacobs met ainsi au point un processus unique de création collaborative dont les acteurs sont multiples : le temps qui passe, les éléments naturels, les arbres, leur écorce, et enfin, l’artiste, ses méthodes, ses matériaux et outils. Elle met en exergue le flot unificateur qui connecte la nature : « selon moi, les arbres sont un modèle pour les lois de la nature(…)  J'ai réalisé que les lignes et les motifs de l'écorce étaient très similaires aux formes que l'on trouve dans la nature. Les nuages dans le ciel, les vagues dans l'océan, les rivières qui coulent... ».

Georgia Russell (*1974) travaille avec une précision chirurgicale, détournant le scalpel de sa fonction médicale pour en faire un outil artistique ;Je coupe, je lacère le papier et je joue avec les dégradés de tons, rythmés par le mouvement de mes incisions dans lesquelles s’infiltre la lumière, dit l’artiste à propos de son travail. Ses œuvres, flamboyantes aux surfaces tactiles, semblent l’incarnation de la perméabilité de la matière. Les fentes dans les toiles de Russell peuvent être perçues comme des portails vers d’autres univers, des cellules de passage d’air et de lumière. Dans Undercurrent (2019), les différentes strates de toile découpées semblent s’entremêler dans une cinétique vibrante. Dans ses livres découpés, Georgia Russell offre une nouvelle identité aux objets qu’elle utilise. Par ailleurs, Georgia Russell choisit ses livres pour le pouvoir évocateur qu’ils recèlent. Elle les dissèque et les transforme en les lacérant au scalpel. À la fois objets et images, ils deviennent un lien entre le passé et le présent. Avec les livres, j’exprime les esprits qu’ils ont traversés, et la connaissance qu’ils ont partagée. Le livre devient une sculpture, une expérience partagée.

Œuvres exposées

Publications

Diese Webseite unterstützt den Internet Explorer 11 nicht.
Bitte öffnen Sie die Seite mit einem modernen Browser.