Autumn Whispers

Galerie Karsten Greve AG, St. Moritz
Mardi au Samedi, 10 - 13h / 14 - 18.30h
L’automne est la saison des subtilités : l’éclat des couleurs avant qu’elles ne s’effacent, le silence de la nature avant l’hiver, le murmure de l’impermanence. Avec Autumn Whispers, la Galerie Karsten Greve St. Moritz célèbre cette atmosphère délicate en présentant une sélection d’artistes internationaux dont les œuvres dialogues subtilemment entre elles.
Louise Bourgeois canalise la mémoire et l’émotion dans des formes sculpturales denses — oscillant entre refuge et dissolution, départ et retour. Jean Dubuffet et Louis Soutter libèrent des gestes bruts et sauvages, surgissant comme des forces élémentaires de la nature, reflétant le cycle de croissance et de déclin.
Les oeuvres de Wols occupent une place singulière. Sans titre de 1946, huile sur toile, incarne un équilibre fragile entre concentration extrême et ouverture intérieure. Exécutée avec une précision méticuleuse, l’oeuvre déploie un univers pictural dans lequel formes organiques et lignes s’entrelacent pour créer un microcosme silencieux. Elle marque en même temps un moment charnière dans la pratique de Wols : une transition vers un nouveau langage visuel abstrait qui façonnera de manière décisive l’Art informel, faisant de lui l’un de ses pionniers majeurs. Au sein cette peinture, les processus de naissance et de disparition s’inscrivent tel un écho poétique des cycles de la nature, où l’automne, la fugacité et le renouveau artistique se rejoignent.
Ilse Bing et Lynn Davis transforment la lumière en résonance automnale : éphémère comme la brume, limpide comme la première gelée. Leurs photographies capturent des instants où le temps semble suspendu, transformant les paysages extérieurs en mondes intérieurs intimes. Kathleen Jacobs engage un dialogue direct avec les forces de la nature : vent, intempéries et écorce d’arbre laissent leurs empreintes sur ses surfaces, produisant des chroniques silencieuses de transformation qui rendent tangibles les rythmes de l’année.
Qiu Shihua construit des paysages d’une présence presque imperceptible, où le vide contemplatif établit un équilibre subtil entre esprit et nature, ciel et terre. Réinterprétant la tradition du paysage chinois (Shan Shui), il utilise une palette quasi monochrome, nuancée de modulations tonales délicates, pour créer des espaces où le silence et le vide opèrent comme des dispositifs poétiques et spirituels. Ancrée dans les philosophies taoïste et zen, sa conception du vide n’est pas celle d’une absence, mais d’une ouverture génératrice, propice à la réflexion et à la présence. Il en résulte une imagerie empreinte d’un calme méditatif, une poétique raffinée de l’instant où l’observation devient pratique contemplative.
Leiko Ikemura place ses figures fragiles et mélancoliques à l’intersection des traditions culturelles et esthétiques, établissant des espaces picturaux où références orientales et occidentales, mythe et mémoire se rejoignent. Sa pratique explore la frontière entre figuration et abstraction, produisant des compositions qui distillent couleur, forme et geste en des moments de résonance existentielle. Ikemura cultive une intensité silencieuse, invitant le spectateur à des pauses réflexives entrelaçant couches psychologiques et culturelles dans une image unique et lumineuse.
Autumn Whispers émerge ainsi comme une trame de voix multiples qui — à l’image de l’automne — ne s’expriment pas avec force, mais avec une subtilité durable. Ici, art et nature, cultures et visions spirituelles ne sont pas présentés comme opposés, mais comme un langage commun de transformation, de mémoire et de renouveau. Nietzsche louait la clarté de l’air et de la lumière de la Haute-Engadine, tandis que Freud et Rilke y découvraient un paysage fusionnant introspection intérieure et horizons vastes. Dans cette tradition, Autumn Whispers se positionne comme un espace poétique où l’art et la lumière automnale se rejoignent.
La Galerie Karsten Greve reste ouverte tout au long de la saison automnale, et nous accueillons chaleureusement les visiteurs pour vivre et s’inspirer de cette atmosphère exceptionnelle.






![[Translate to "French"] Jean Dubuffet, Vence, 1959. Photo: John Craven © Fondation Dubuffet, Paris Jean Dubuffet, Vence, 1959. Photo: John Craven © Fondation Dubuffet, Paris](/fileadmin/_processed_/5/e/csm_GKG-Jean_Dubuffet-Portrait-1_22d2a889a1.jpg)
![[Translate to French:] [Translate to French:]](/fileadmin/_processed_/5/3/csm_Leiko_Ikemura-Potrait-Foto_Maria_Runarsdottir_310ef9bfbc.jpg)

