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Wols:

Vue d'installation, WOLS, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
06.05.23 - 29.07.23

Galerie Karsten Greve Paris

Mardi à samedi, de 10h à 19h

Vernissage le samedi, 06 mai 2023, de 18h à 20h.

Une conférence se tiendra à la galerie à 16h30 avec Annie Claustres,  Annie Cohen-Solal, Judith N. Klein et Philipp Gutbrod.

« Ne pas faire mais être et croire. » - Aphorisme n°23.

Vidéo de l'exposition, WOLS, Galerie Karsten Greve Paris, 2023

La Galerie Karsten Greve a le plaisir de présenter pour la première fois dans son espace parisien une rétrospective consacrée à Wols (1913, Berlin – 1951, Paris), 25 ans après une première exposition dans la galerie de Cologne. Célébrant les cent-dix ans de la naissance de l’artiste, cette exposition illustre l’importance de l’art singulier de Wols à travers le plus grand ensemble d’oeuvres sur toile et sur papier, de photographies, d’ouvrages imprimés et de lettres jamais réuni en France, provenant de la collection de Karsten Greve, mais également d’importantes collections privées.

« WOLS, petit homme de la Lune débarqué parmi nous, conduit son monologue têtu avec l’obstination d’un loyal consciencieux. Ses hiéroglyphes mystérieux qui, par leur finesse le disputent à l’araignée nous enseignent la poésie de l’astral interplanétaire et reconstituent sous les réfractions subtiles de leur lumière irisée, la faune, la flore et jusqu’aux humanités du rêve des microcosmes invisibles, » écrivait Jean Sylveire en 1943. L’oeuvre visionnaire de Wols (de son nom de naissance Alfred Otto Wolfgang Schulze) est à l’image de son temps et de sa vie : marquée par la guerre, l’exil, symbolique de la douleur ineffable face à l’amertume de l'après-guerre.

Musicien, photographe, artiste, poète – les rôles qu’emprunte Wols au cours de sa vie sont nombreux, mais tous témoignent d’une grande sensibilité face au monde. Il arrive à Paris en 1933 fuyant la montée du nazisme en Allemagne. Il s’adonne alors pleinement à la photographie et explore les possibilités techniques du médium ; dans le choix de sujets et de cadrages se lit une influence de la « Nouvelle Objectivité » et du surréalisme, notamment dans les gros plans, les effets de contraste et des solarisations, à l’image des photographies de sa compatriote et contemporaine Ilse Bing. En 1937, il est reconnu internationalement pour ses clichés aux cadrages innovants du Pavillon de l’Élégance et de la Parure de l’Exposition Universelle, et est célébré par une exposition personnelle à la Galerie La Pléiade. Mais bientôt, le climat politique l’oblige à fuir en Espagne. Avec sa compagne Gréty Dabija, il se rend d’abord à Barcelone, puis à Ibiza, et enfin à Majorque, où il commence à peindre à l’aquarelle. Arrêté à Barcelone, il devient apatride ; sa nationalité allemande lui est retirée en raison de sa position anti-nazie.

Avec l’arrivée des troupes nazies à Paris en 1940, les étrangers – surtout allemands – sont rassemblés dans des camps d’internements en tant que « sujets ennemis ». De retour en France, Wols est interné au Camp des Milles près de Nîmes. Il continue le dessin, qui devient un moyen de survie pour lui et les autres artistes internés à ses côtés, comme Max Ernst et Hans Bellmer. C’est pendant son internement qu’il développe le Circus Wols, un projet pensé comme un spectacle éducatif démocratique accessible à tous, utilisant les meilleures technologies pour fusionner la culture populaire et savante, l’art, la musique et le cinéma. Aux allures d’une Gesamtkunstwerk (oeuvre d’art totale), le Circus Wols devait l’aider dans l’obtention d’un Visa pour les États-Unis, mais en vain car il ne parviendra pas à monter sur le dernier bateau à Marseille. S’il ne reste plus que quelques notes, schémas et aquarelles de cette oeuvre, comme Sans Titre datée vers 1940, la curiosité de Wols pour le spectacle et le cinéma dévoilent sa volonté de proposer un autre type d’art. Sa structure volontairement fragmentée et le refus de l'artiste d'y avancer une signification ou un grand discours font du Circus Wols un projet quasi-dystopique qui préfigure le post-modernisme et la société du spectacle.

Vue d'installation, WOLS, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, WOLS, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, WOLS, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, WOLS, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, WOLS, Galerie Karsten Greve Paris, 2023. Photo: Nicolas Brasseur

À la sortie du Camp des Milles en 1941, Wols devient « imperceptible et clandestin dans un voyage immobile ». Son désespoir face à la guerre et la peur des autorités l’emmènent à Dieulefit, dans la Drôme, où il vit dans la semi-clandestinité jusqu’à la fin de la guerre. Il se concentre sur ses dessins et poèmes, fuyant le réel dans ses rêves et l’alcool. À travers ses Aphorismes il exprime sa désolation face à la condition humaine et aux ravages de la guerre. Il va l’illustrer dans ses aquarelles, qui fourmillent de détails, entre compositions abstraites et mondes imaginaires. L’infiniment grand y devient infiniment petit, sa plume lui permet une précision minutieuse qui fait fleurir des microcosmes d’éléments organiques et citadins, réhaussés d’encre et d’aquarelle. Des villes en apesanteur à la flottille de bateaux-rêves, Wols construit une utopie qui l’aide à braver la réalité.

Ce n’est qu’à partir de 1945 que Wols peint la majorité de ses toiles grâce au soutien du galeriste René Drouin, présenté par l’écrivain Henri-Pierre Roché, qui lui fournit huiles et toiles et l’expose dans sa galerie Place Vendôme. Malgré le contexte d’après-guerre désastreux, l’exposition suscite un vif intérêt des cercles artistiques et littéraires parisiens qui font de Wols l’une des figures majeures du monde nouveau. Des toiles, Wols en a peint moins d’une centaine. Il y représente un pandémonium tumultueux à travers des compositions de plus en plus abstraites où le geste et la matière prennent le dessus. Il se rapproche en 1946 de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir qu’il rencontre à Saint-Germain-des-Prés. Le Tourbillon, tableau énigmatique de 1947, traduit par une succession de coups de pinceaux circulaires l’existentialisme qui gagne alors Paris, les strates de peinture correspondant aux couches de pensées. L’éclatement et l’entropie des éléments organiques dans son langage pictural suggèrent une nouvelle définition du vivant, une nouvelle Weltanschauung (vue métaphysique du monde) où la désintégration se ressent plus fort que jamais, à la manière des couleurs éclatées dans Sans titre, de 1946-1947, ou de la dispersion frénétique dans Vert cache rouge(Le Grand Orgasme), datée vers 1947. L’Inachevée, sa dernière toile réalisée en 1951, se démarque autant par ses couleurs que par sa composition picturale ambitieuse, inspirée par la nature et soigneusement construite par Wols, tout en conservant une tension entre l’abstraction et la figuration.

« Les anciens peintres commençaient par le sens, et lui trouvaient des signes. Mais les nouveaux commencent par des signes auxquels il ne reste qu'à trouver un sens », c’est ainsi que Jean Paulhan théorise en 1962 le nouveau tournant dans l’art. Souvent associé au mouvement de l’« art informel » défini par Michel Tapié en 1963, Wols est une figure clé de cette nouvelle pensée d’après-guerre. Il a su conserver sa Kunstwollen, la volonté de l’art, malgré les tourments de la guerre. Solitaire et préférant la liberté infinie de son imagination, il est toujours resté en retrait des groupes et mouvements artistiques contemporains. Wols, petit homme de la Lune, dépasse toutes catégories et affirme la liberté – celle de penser, et tout simplement d’être.

Alfred Otto Wolfgang Schulze, dit Wols, naît en 1913 à Berlin dans une famille de hauts fonctionnaires. Quand son père est nommé Chancelier de la Saxe, ils déménagent à Dresde où Wols est introduit à de nombreux artistes majeurs comme Paul Klee, Otto Dix ou encore Oskar Kokoschka. Musicien, il joue du violon et du banjo. Il refuse de rejoindre l’orchestre de Fritz Busch (Dresde), mais gardera toute sa vie un lien fort avec la musique. Il passe du temps à l’Afrika Institut de Frankfort où il étudie l’ethnologie et la botanique, puis fait un stage à l’usine Mercedes. Après une introduction à la photographie auprès de Genga Jonas, Wols passe par le Bauhaus berlinois et arrive à Paris en 1933. Il y rencontre Gréty Dabija, qu’il épouse en 1941 pour sortir des camps d’internement. Défendu par les artistes et écrivains de l'intelligentsia parisienne, Wols demeure en France malgré la méfiance des autorités pour les « étrangers », et continue de développer son corpus artistique jusqu’à son décès à Paris le 1er septembre 1951, à l’âge de 38 ans. Dès la fin des années 1940, il fait partie des expositions fondatrices de l’abstraction lyrique. En 1951, le travail de Wols est exposé aux côtés de celui de Jackson Pollock, marquant la rencontre historique des écoles française et américaine de la non-figuration. Son travail est montré à la Biennale de Venise en 1958 et à la documenta de Kassel en 1964. En 1974 le Musée d’art Moderne de la Ville de Paris honore son oeuvre d’une grande rétrospective, suivie en 1989 par l’une des plus importantes présentations organisées conjointement par le Kunsthaus Zürich et le Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen (Düsseldorf). En 2013, la Menil Collection (Houston) lui consacre une grande rétrospective, suivie par le Centre Pompidou (Paris) en 2020. Ses oeuvres font partie des plus grandes collections mondiales, parmi lesquelles celles du MoMA et du Met (New York), de la Menil Collection (Houston), du Art Institut (Chicago), de la Tate (Londres), de la Nationalgalerie (Berlin), du Kunstmuseum Basel (Basel), et du Centre Pompidou (Paris).

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