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Louis Soutter: Peinture au doigt

Vue d'installation, Louis Soutter - Peinture au doigt, Galerie Karsten Greve Paris. Photo: Nicolas Brasseur
24.02.24 - 04.05.24

Galerie Karsten Greve Paris

mardi à samedi, 10h - 19h

Vernissage
le samedi 24 février 2024 de 18h à 20h

avec une lecture de Éric Vuillard à 19h.

L'exposition sera accompagnée d'un catalogue.

Pour cette nouvelle exposition consacrée à Louis Soutter, la Galerie Karsten Greve Paris est heureuse de présenter un ensemble de quatorze peintures, réalisées entre 1930 et 1942, accompagnées de portraits de l’artiste photographié par Theo Frey et d’un nouveau catalogue, comportant des textes d’Éric Vuillard et de Guillermo Aguirre. Cette exposition donne une place particulière à la peinture au doigt, une technique qui permet à l’artiste de traduire ses émotions et ses ressentis sur le papier de manière viscérale.

Vue d'installation, Louis Soutter - Peinture au doigt, Galerie Karsten Greve Paris. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter - Peinture au doigt, Galerie Karsten Greve Paris. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter - Peinture au doigt, Galerie Karsten Greve Paris. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter - Peinture au doigt, Galerie Karsten Greve Paris. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter - Peinture au doigt, Galerie Karsten Greve Paris. Photo: Nicolas Brasseur

Erudit et cultivé, faisant preuve d’une sensibilité d’écorché, Soutter est marqué par des difficultés personnelles et des échecs professionnels : sa séparation avec sa femme, son affaiblissement par le typhus, la mort de son père puis de sa soeur, l’artiste accumule les souffrances psychiques qui influenceront profondément son art, ajoutant une dimension tragique à son oeuvre. Il se marginalise de plus en plus. Bientôt considéré comme trop excentrique par son entourage, Louis Soutter est placé en 1923 à l’âge de 52 ans dans un hospice pour vieillards et nécessiteux à Ballaigues, un village isolé du Jura vaudois. Là-bas, il se met à dessiner à un rythme intense : à la « Période des cahiers » succède la « Période maniériste » à l’encre, au crayon et à la plume. Lorsqu'il n'a pas de matériel à disposition, il dessine au bureau de poste de Ballaigues. Alors presque aveugle et atteint d’arthrose articulaire, il commence en 1936 ses peintures et dessins au doigt. Cette pratique permet à Louis Soutter une interaction directe avec le support. En utilisant directement le doigt pour appliquer la couleur, il établit un lien physique entre son corps et le papier, permettant ainsi à ses émotions de s'exprimer de manière plus immédiate.

Cette approche tactile agit ainsi comme un canal direct de son acuité et révèle un monde intérieur tourmenté, où la frontière entre réalité et imagination s'estompe. Louis Soutter semble ainsi illustrer dans ses peintures des visions prophétiques, à l’image de Potentats d’Imfirmités où les ombres mutilées paraissent révéler une dimension prémonitoire saisissante quant au drame historique imminent de la Seconde Guerre Mondiale.

Dans ses peintures et dessins au doigt, les images évocatrices qui convoquent le soleil, la terre, le feu ou d'autres éléments naturels deviennent les décors de scènes rappelant les peintures rupestres, et illustrant aussi bien des scènes de la vie quotidienne que des rites païens ou des récits mythologiques et bibliques.

Ainsi Le Jésu (Le Jésus) et Il est né/Christ en croix ou encore Abel témoignent d’un intérêt pour les Ecritures saintes. La couleur rouge évoquant le sang, le corps mi-humain mi-animal, les mains gigantesques, le regard ensorcelé et le serpent pouvant être perçu comme la queue d’un diable, donnent un air démoniaque au fils d’Adam et Eve, figure de la Genèse qui est le premier à mourir dans l’Ancien Testament.

Ses oeuvres font également écho aux tragédies grecques et aux mythes avec l'utilisation de figures noires rappelant les céramiques antiques, telle une réflexion sur les divinités, la condition humaine et sa destinée tragique. Les corps anonymes, seuls ou en groupe, devenus des silhouettes noires aux dimensions démesurées se distinguant sur un fond clair, évoluent dans un univers lié tantôt à la mort, tantôt à la magie.

En écho à sa carrière de violoniste, les oeuvres de Louis Soutter présentées témoignent ainsi d’une connexion profonde entre son expression artistique et sa sensibilité corporelle. L'usage de l'encre, de l’aquarelle, de la gouache et de l'huile sur papier ou sur carton démontre la diversité de son exploration artistique au service d’une volonté irrépressible de créer.

Né en 1871 à Morges en Suisse, Louis Soutter était engagé dans une carrière artistique prometteuse : violoniste talentueux, il est d’abord élève au conservatoire royal de Bruxelles auprès du compositeur et chef d’orchestre Eugène Ysaÿe, puis il étudie le dessin et se rapproche de l’avant-garde européenne en peinture et notamment du groupe des XX. En 1897, il émigre aux États-Unis où il épouse Madge Fursman à Colorado Springs. Il y enseigne la musique et le dessin, avant d’être nommé directeur du département des Beaux-Arts du Colorado College. Après sa séparation, il revient en Suisse en 1903. Premier violon dans l’orchestre symphonique de Genève, il perd sa place en 1915. Criblé de dettes et trop marginal pour sa famille, Soutter est interné en 1923 dans un centre pour vieillards. Reclus, il est cependant soutenu dans sa création par une poignée de connaissances, parmi lesquelles on compte Jean Giono et les frères Vallotton qui l’exposent dans leur galerie à Lausanne, ainsi que son cousin, l’architecte Le Corbusier, qui le fait connaître et écrit un article sur lui dans la revue Minotaure en 1936. Coupé du monde et de ses proches par la guerre, Louis Soutter s’éteint à l’hospice en 1942.

En 1961 le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne lui consacre sa première rétrospective, puis la Fondation Le Corbusier exhume une partie importante de ses dessins. La Galerie Karsten Greve participa à la reconnaissance de Louis Soutter en Europe et dans le monde, grâce à une grande exposition en 1998 à Cologne, en 2011 à St. Moritz, puis en 2020 à Paris et en 2021 à Cologne. Ses oeuvres sont présentées dans de nombreuses expositions internationales et font partie de grandes collections privées comme publiques, dont celles du Kunstmuseum de Bâle, de la Kunsthaus de Zürich, du Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou, Paris ou encore du Museum of Modern Art à New York.

Communiqué de presse

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