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Loïc Le Groumellec: Sculptures et gouaches

Vue d'installation, Loic Le Groumellec, Sculptures et gouaches, Galerie Karsten Greve Paris 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Loic Le Groumellec, Sculptures et gouaches, Galerie Karsten Greve Paris 2022. Photo: Nicolas Brasseur
05.03.22 - 07.05.22

Galerie Karsten Greve Paris - Côté rue

Mardi à samedi, de 10h à 19h

Vernissage

le samedi, 5 mars 2022, de 17h à 20h

en présence de l'artiste

L'exposition sera accompagnée par une publication.

 Ces « écritures-signes » traitées depuis trente ans sans efficacité réelle, deviennent aujourd’hui le centre de mon travail, me permettant d’affirmer les préoccupations qui ont toujours été les miennes : s’inscrire dans une histoire de l’art pictural qui se réfère au minimalisme, au monochrome, à une forme de radicalisme qui induit une méfiance, voir un rejet de toute narration par l’image.

Loïc Le Groumellec, 2019
 



La Galerie Karsten Greve a le plaisir d’annoncer la nouvelle exposition personnelle de l’artiste français Loïc Le Groumellec. Intitulée Sculptures et gouaches, celle-ci présente un ensemble de ses toutes nouvelles Écritures sur papier en dialogue avec 19 sculptures inédites de la série Mégalithe et maison, en diorite orbiculaire, marbre / bois peint laqué.

Lors de ses études à l’École des Beaux-Arts de Rennes, Loïc Le Groumellec découvre dans les archives institutionnelles un ensemble de lithographies figurant des mégalithes – une structure qu’il connaît bien. Né à Vannes, il grandit dans le Golfe de Morbihan riche en vestiges mystiques du Néolithique. L’énigme des inscriptions murales du cairn de Gavrinis, qui demeurent indéchiffrées à ce jour, les dolmens, les menhirs, la nature sauvage de sa Bretagne natale nourrissent son imaginaire, comme pour des générations d’artistes et écrivains avant lui.

Tout en conservant la dimension sacrée des signes circulaires du cairn de Gavrinis, l’artiste explore une forme de minimalisme dans ses propres Écritures énigmatiques, présentées par la galerie. « Ces signes, sorte d’écriture, de « runes » ou de symboles métaphysiques, ont toujours été présents dans ma peinture », dit l’artiste à propos de son langage pictural, dont la nature permet une déclinaison infinie. La répétition symbolique confère une dimension sacrée à ses images. Le poète Roger Callois écrit dans son ouvrage « Pierres »: « Il faut beaucoup de lumière pour les distinguer et plus encore d’imagination pour les interpréter. La plupart du temps, leur sens échappe ou demeure incertain, telles les courbes concentriques, les méandres parallèles qui, à Gavrinis, paraissent dans leur puissant relief la formidable empreinte laissée à l’aurore des temps, sur la roche en train de refroidir, par le pouce d’un demiurge distrait ».

La réalisation de ces gouaches demande rigueur et concentration, un travail semblable à celui des moines-copistes au Moyen-Âge, l’artiste dit : « Je viens de finir des gouaches sur lesquelles j’ai travaillé en ascète pendant quinze jours. En fait, depuis quarante ans, je peins le même tableau ». Il dit faire la même œuvre encore et encore, et le processus créatif devient un rituel sacré : « Ces écritures me permettent d’ouvrir un champ sur une évidente abstraction, mais également de réaffirmer ce que je revendique depuis près de trente ans : la dimension spirituelle de l’acte de peindre et le fait de peindre le sacré par l’intermédiaire des mégalithes et de ces écritures. »

Vue d'installation, Galerie Karsten Greve, Paris 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Galerie Karsten Greve, Paris 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Galerie Karsten Greve, Paris 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Galerie Karsten Greve, Paris 2022. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Galerie Karsten Greve, Paris 2022. Photo: Nicolas Brasseur

Abstraction, minimalisme, sobriété l’attirent bien davantage que la pop culture et l’expressionnisme figuratif des années 1980. À l’instar de Niele Toroni, Loïc Le Groumellec voit la peinture comme des empreintes de substance sur une surface, et reste fidèle à sa pensée minimaliste depuis près de quarante ans. Dès le début, il choisit de réduire sa palette et ses motifs pour revenir aux origines de la création picturale. Il peint des formes épurées, allant vers l’essentiel : maison, mégalithe, croix ressortent sur le fond opalescent dans une gamme chromatique austère de bruns froids et de noirs. C’est l’illustration de livres qui libère pour Le Groumellec les rouges, bleus et jaunes éclatants, contrastant avec les couleurs minérales qu’il privilégiait auparavant. Cette nouvelle étape, le passage vers la couleur, est une continuation du travail déjà entamé.

Le parcours de l’exposition met en dialogue ces gouaches avec une série de sculptures inédites, Mégalithe et maison, réalisée entre 2016 et 2021. Le menhirsous les formes les plus variées est présent dans le travail de Loïc Le Groumellec depuis plus de trente ans, tout particulièrement dans la série des Mégalithes, des laques sur toile. Les silhouettes stoïques et primaires de ces roches à l’usage incertain ne cessent de se réincarner. Les petites maisons blanches en bois laqué, quelques-unes en marbre, se confrontent et se blottissent contre les menhirs taillés dans la diorite orbiculaire. Les carrières de cette roche, aujourd’hui épuisées, se trouvaient surtout en Corse, près du village de Sainte-Lucie-de-Tallano. Son nom renvoie aux motifs circulaires de la pierre, qui semble parsemée d’yeux, et évoquent la légende de Sainte Lucie de Sicile, patronnesse de ce village corse qui avait offert ses yeux à la Vierge Marie en signe de dévotion. Cette thématique de la vision se trame dans le travail de Le Groumellec à travers l’exploration de la condition de la cécité et l’impact sur la manière de voir – que ce soit à travers les cercles concentriques des roches ou dans les signes sibyllins dans ses toiles et dessins. Cette notion de cécité a toujours intéressé l’artiste qui y avait consacré son projet de diplôme aux Beaux-Arts. Pour donner cet aspect lisse, presque velouté, à la diorite orbiculaire, l’artiste entreprend un long travail de ponçage pour parvenir à la forme souhaitée et sublimer les singularités apparentes. La matière brute s’apprivoise et devient lisse, docile, les angles adoucis et les courbes sensuelles – tels les contours des corps de Vénus préhistoriques.


L’ensemble de sculptures Mégalithe et maison met en avant le statut d’une maison comme foyer, et montre le rapport symbiotique entre extérieur et intérieur, sauvage et domestique. Le poète et écrivain Yves Peyré décrit l’harmonie entre ces deux éléments : « La maison semble se tapir contre la pierre levée, le menhir se pencher non sans tendresse vers le bâti ». La petitesse des maisons contraste avec la solidité de la roche et pourtant, l’une complète naturellement l’autre, créant ensemble une poésie abstraite de formes.

Ni signifiant, ni signifié, les écritures et les sculptures ne portent pas véritablement de sens défini, mais plutôt une présence des éléments formels purs. L’ensemble des œuvres de Loïc Le Groumellec s’imbrique dans une poésie formelle et abstraite de la spiritualité de l’héritage celtique. À travers son travail, il démontre que l’archaïque est toujours contemporain et immerge le spectateur dans une cosmogonie énigmatique. Dans les motifs circulaires et répétitifs, les œuvres se font écho et leur signification demeure aussi indéchiffrable que les incisions du cairn de Gavrinis. Loïc Le Groumellec rend ainsi tangible l’essence d’une expression visuelle pure.

 Ce qui distingue le monument de Gavrinis de tous les dolmens que j'ai vus, c'est que presque toutes les pierres composant ses parois sont sculptées et couvertes de dessins bizarres. Ce sont des courbes, des lignes droites, brisées, tracées et combinées de cent manières différentes... Parmi une multitude de traits... on en distingue un petit nombre que leur régularité et leur disposition singulière pourraient faire ressembler à des caractères d'écriture... Il y a encore des chevrons, des zigzags et bien d'autres traits impossibles à décrire.

Prosper Mérimée, Notes de voyage dans l'ouest de la France, 1836

Communiqué de presse

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