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Louis Soutter: Un Présage

Installation view, Louis Soutter. Un Présage, Galerie Karsten Greve Paris, 2020. Photo: Nicolas Brasseur
Installation view, Louis Soutter. Un Présage, Galerie Karsten Greve Paris, 2020. Photo: Nicolas Brasseur
29.08.20 - 11.10.20

Galerie Karsten Greve Paris

Mardi - Samedi 10h - 19h

Vernissage
le mardi 29 août 2020, 14h - 19h

Julie Borgeaud sur Louis Soutter. Un Présage

À partir de 1923, Louis Soutter produit une oeuvre prolifique en marge de la société. Pourtant, dans ses fantasmagories singulières habitées d’êtres en lutte apparaissent la dépression et l’isolement de l’Europe des années1920-1930. L’auteur narre un complot ou un meurtre à venir, comme des présages, annonçant la libération de l’homme face à la tutelle des dieux, les épopées bibliques sanglantes et épisodes historiques comme personnels.

Si un caractère prophétique vient s’associer à l’ensemble de la production de l’artiste, répercutant la période mouvementée de l’entre-deux guerres et anticipant la deuxième guerre mondiale, un flou historique s’installe avec des personnages renvoyant aux rites païens et aux esprits de la forêt. Dans un flux incessant d’images issues de la
mythologie et des croyances, les danses côtoient les fresques de tortures : l’Histoire est pour l’artiste un réservoir de personnages et d’évènements où il vient puiser.

Jouant des coupures et des sauts temporels, Soutter passe soudainement d’une période maniériste en dessin avec ses panthéons de portraits à un primitivisme en peinture. La période des dessins au doigt au style primitif, pouvant rappeler une régression ou une déficience physique, permet de remettre la question de la création sur un autre plan : celui où s’unissent l’essence de l’art et l’Histoire. Son approche du dessin se fait également par réminiscences ; rappelant ceux que les amérindiens exécutaient sur la roche.

Scènes nocturnes de personnages en contre-jour, les empreintes dessinées au doigt s’accumulent et dansent à la surface du papier : astres, croix, grille, pluie, corde ou boyau sont les formes récurrentes. Les personnages étroitement enserrés dans un cadrage  cinématographique, qui rappelle le gros plan, sont en proie au jugement, à la fatalité ou à la peur.

Bien qu’isolé dans sa création, son appartenance aux artistes « voyants » de ce début du XXème siècle est manifeste ; pratiquant l’ascèse et les marches exténuantes, la dimension spirituelle et corporelle sont fondamentales à son processus créateur. Sa technique qui consiste à intervenir directement avec ses doigts enduits d’encre ou de peinture sur le papier lui procure une hyperacuité quant au monde environnant. Ses sujets nus et squelettiques aux mains levées sont comme encerclés par un filet invisible au-dessus de leurs têtes, mais aussi au-dessus de l’univers, évoquant métaphoriquement la question d’Hamlet : être ou ne pas être ? La dramaturgie shakespearienne, à laquelle Soutter fait de nombreuses fois référence, se retrouve également dans ses compositions frontales empruntant à
celles de l’espace théâtral. Les décors dépouillés ou surchargés de lignes et de taches interfèrent dans les actions en cours. Les personnages sont alignés comme dans les bas-reliefs ou grouillent dans des compositions où ils peinent à se tenir ; comme l’art que Soutter pratique aux limites de la société.

L’étrangeté et le pathos qui surviennent sans cesse dans les images lancent des ponts entre les abîmes de temps. Créant des rapports dans leurs différences, ses dessins se rassemblent dans une figure commune : une humanité bouleversée par la dépossession de la pensée. Conte ou constat d’un monde, les compositions orchestrées,
accompagnées souvent d’annotations sont comme autant d’indications sur une partition à jouer un « psaume à l’actualité ».

Vue d'installation, Louis Soutter. Un Présage, Galerie Karsten Greve Paris, 2020. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter. Un Présage, Galerie Karsten Greve Paris, 2020. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter. Un Présage, Galerie Karsten Greve Paris, 2020. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter. Un Présage, Galerie Karsten Greve Paris, 2020. Photo: Nicolas Brasseur
Vue d'installation, Louis Soutter. Un Présage, Galerie Karsten Greve Paris, 2020. Photo: Nicolas Brasseur
Dossier de presse

© Nicolas Brasseur et Galerie Karsten Greve

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