Écritures, mégalithes et cupules II

Galerie Karsten Greve, Cologne
Mardi - Vendredi, 10h - 18h30
Samedi, 10h - 18h
Vernissage
le vendredi 11 avril 2025, de 18h à 20h
avec une introduction de Prof. em. Dr. Hans-Georg Stephan.
L'artiste sera présent.
Une publication sera éditée à l'occasion de l'exposition.
La Galerie Karsten Greve est heureuse d’annoncer Écritures, mégalithes et cupules II, la 12ᵉ exposition personnelle de Loïc Le Groumellec avec la galerie. L’exposition présente une large sélection de nouvelles peintures ainsi que des œuvres à l’encre et à la gouache sur papier. Dans la continuité de son travail précédent, l’artiste explore les notions de sacré et de spirituel à travers une esthétique minimaliste.
Le titre de l’exposition, Écritures, mégalithes et cupules, décrit les trois éléments qui caractérisent les peintures de Le Groumellec : une phrase répétée à l’infini, des représentations de mégalithes et de petites cavités dont la matérialité apparaît en relief sur la toile. L’artiste agence ces éléments en compositions à plusieurs panneaux, souvent sous forme de triptyques. Il crée ainsi un fascinant assemblage de références contextuelles et de motifs visuels.
Cupules (2023) est à ce jour la manifestation la plus marquante de ce motif récemment introduit par Le Groumellec. Cette peinture monumentale se compose de cinq parties, totalisant 11,40 mètres de large. Face à cette œuvre ou en marchant le long d’elle, on a l’impression de se tenir devant un site historique. Le Groumellec transpose cette expérience dans un espace neutre, créant un monochrome par la surface entièrement blanche. La dimension mythique demeure, émanant de la peinture comme une force allusive.
Le Groumellec a découvert les cupules — ou pierres à cupules — en visitant le monument mégalithique de Gavrinis. Ces cupules sont de petites cavités creusées dans la roche, dont la signification reste inconnue. Elles auraient pu servir de repères ou constituer une forme d’écriture. Le Groumellec s’approprie cette forme dans sa quête d’une reconstruction et d’une réinterprétation d’une esthétique minimaliste. Par des reliefs creusés dans la toile, il met en valeur la surface et le plan tout en introduisant un élément tactile. Le monochrome devient ainsi sensuel et stratifié.
...du mégalithe forme informe, chargé d'un sens énorme - et d'une énormité de sens - rédeuit à la simple représentation d'une pierre levée, jusqu'aux "écritures" qui à Gavrinis existent avant les hiéroglyphes ou l'écriture cunéiforme, cette contradiction de l'excès est présente.
Comme pour les mégalithes, aucune possibilité d'interprétation possible pour ces "écritures". Ce qui les différencie néanmoins est cette esthétique qui saute aux yeaux: une esthétique poétique!
Déjà un élément central du répertoire formel de Le Groumellec, les mégalithes font écho aux origines bretonnes de l’artiste et à son usage de symboles païens pour exprimer le spirituel.
Pour Le Groumellec, peindre et percevoir une oeuvre sont en soi des actes spirituels. Il cherche à les capturer à travers des formes et des couleurs réduites – telles que le mégalithe. La petite croix peinte au sommet du mégalithe dans Mégalithe et Écritures (2023) et d’autres oeuvres est à la fois un fait historique et une déclaration artistique.
Au Moyen Âge, au lieu de détruire ces symboles néolithiques, l’Église catholique y apposait des croix ou les sculptait dans les menhirs et mégalithes afin de leur conférer une signification chrétienne. Pour Le Groumellec la combinaison du vertical et de l’horizontal définit la peinture, fusionnant ainsi, à nouveau, symbolisme historique et langage pictural personnel.
Les Écritures dans l’oeuvre de Le Groumellec font référence à une phrase extraite des Capitulaires de Charlemagne, ordonnant la destruction de tous les symboles païens. Les trois mots extraits de cette phrase – simulacrum, sacrilege et anathema – sont, pour l’artiste, une analogie avec la peinture, en ce qu’ils évoquent le dépassement nécessaire des traditions picturales et le cycle associé de rupture et de continuité. Reproduits de manière apparemment infinie, ces mots apparaissent tantôt lisibles, tantôt flous. Leur répétition évoque un rituel, mettant encore une fois en lumière la dimension spirituelle du
travail de l’artiste.
Les Écritures forment souvent les deux panneaux latéraux des triptyques, avec des cupules ou un mégalithe placé au centre. Cette disposition rappelle vaguement l’esthétique d’un livre et fait allusion au caractère sacré de l’écriture.
Le triptyque est le format de prédilection de Le Groumellec. Traditionnellement utilisé pour les retables chrétiens, il constitue une autre référence à la spiritualité du geste et de l’expérience picturale. Dans ses nouveaux triptyques où les cupules occupent le centre, le monochrome devient la scène principale. Cette focalisation totale sur les formes blanches plonge dans un état méditatif, transformant la peinture en portail vers une autre vision.
Les nouvelles gouaches et oeuvres sur papier de Le Groumellec viennent compléter ses recherches en peinture. Ses Écritures et cupules sur papier fait main sont particulièrement révélatrices : le papier met en valeur à la fois l’écriture et les formes physiques, développant ainsi le thème à une échelle plus réduite. Les gouaches colorées, dans des tons vifs de jaune et d’orange, offrent quant à elles une
approche plus vive et spontanée des symboles préhistoriques.
Les multiples juxtapositions entre écriture, plans monochromes et cupules physiques présentées dans Écritures, mégalithes et cupules II créent un univers pictural et spirituel. Par leurs grandes dimensions, ces peintures génèrent une expérience physique, transformant l’espace d’exposition en un temple – ou une grotte – dédié à la pensée et au voyage dans le temps. Le travail de Le Groumellec a été décrit comme un « minimalisme à rebours » : dans ses nouvelles oeuvres, il insuffle au monochrome le signe, le geste et la sensualité. En adoptant le minimalisme pour le choix du motif, Le Groumellec en extrait ainsi un effet maximal.

Loïc Le Groumellec est né en 1957 à Vannes, en Bretagne. Il est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Rennes en 1980 et, en 1983, la galerie Yvon Lambert à Paris organise sa première exposition personnelle. Ses oeuvres figurent dans des collections privées prestigieuses et ont été exposées au CAPC de Bordeaux, au Musée des
Beaux-Arts de Rennes et au Conservatoire National de Musique à Paris. Elles ont également été présentées par de grandes institutions internationales telles que le Nouveau Musée National de Monaco, l’Institut Français de Cologne en Allemagne, la Fondation Hermitage en Suisse, le Musée d’Art Contemporain de Montréal au Canada
et la Fondation Joan Miró à Barcelone, en Espagne. Loïc Le Groumellec a également conçu plusieurs décors de théâtre, notamment pour le théâtre de Bâle et l’Opéra Garnier à Paris, et a participé à la création de nombreux livres illustrés. La Galerie Karsten Greve représente l’artiste depuis 1989. Loïc Le Groumellec vit et travaille à Paris.